Titre de la Thèse: Du "Dictionarium latinum" d'Ambrogio Calepio au succès éditorial des "Calepins" polyglottes dans l'Europe du XVIe siècles
Date de début de la thèse: 2014
Directeur (trice): Chiara Lastraioli
Discipline: Littératures européennes
La publication, en 1502 à Reggio Emilia, du Dictionarium latinum d'Ambrogio Calepio va marquer l'histoire de l'édition, puisque cet ouvrage connaîtra, selon A. Labarre, plus de deux-cents éditions jusqu'au XVIIIe siècle. Toutefois, ce dictionnaire, que l'auteur destinait à un public soucieux d'améliorer ses connaissances en langue latine, va être amené, après la mort de son auteur en 1511 et la publication d'une nouvelle édition posthume à Venise en 1520, à vivre sa propre vie, à évoluer et à se transformer au fil des différentes éditions, s'ouvrant vers d'autres langues. La première édition polyglotte de celui qu'on appelle maintenant “Calepin” paraît en 1545 à Anvers, et la base initiale latine est enrichie par la traduction des entrées en grec ancien, français, flamand et allemand. Cette formule, déjà annoncée par des éditions vénitiennes, proposant une traduction en italien sera reprise par une édition lyonnaise de 1559 qui ajoute au latin et au grec ancien, l'italien et l'espagnol (une nouvelle édition de 1565 proposera en plus le français). Le succès commercial est important, puisque les éditions polyglottes se multiplient et la palette des langues s'élargit, arrivant jusqu'à onze (en plus du latin, hébreu, grec, flamand, espagnol, français, polonais, italien, hongrois, allemand et anglais) dans une édition bâloise de 1590. Le "Calepin" devient un livre présent dans toutes les grandes bibliothèques. Il faudra, tout d'abord, retracer l'histoire des nombreuses éditions du "Calepin" au cours du XVIe siècle, et chercher à établir les éléments de continuité dans la transmission et la tradition du texte et les apports originaux des différents éditeurs et lexicographes (basés pour la plupart entre Venise, Paris, Lyon et Bâle), tout en tenant compte des influences possibles d'autres lexiques (comme celui de Robert Estienne) parus pendant cette période de tension entre la redécouverte des langues classiques et l'émergence des langues nationales ou « vernaculaires ». On pourra alors examiner l'élément plus proprement linguistique dans les adaptations du "Calepin" (comme celle en italien de Lucio Minerbi, publiée à Venise en 1552) ou dans les différentes éditions « polyglottes » ; une attention particulière sera portée aux méthodologies guidant les choix des articles lexicographiques en latin et aux traductions proposées en italien, ainsi que dans les autres langues. Travail, donc, dans un domaine aux frontières de la lexicographie et de l'histoire de la culture du XVIe siècle, de l'aspiration universaliste du latin comme κοινὴ de l'élite et montée en puissance des éléments nationaux qui trouvent leur reflet dans des langues en formation.