Christophe Grellard

Titre de la Thèse: Logique et théorie de la connaissance selon Nicolas d’Autrécourt, Jean de Mirecourt et Pierre Ceffons

Date de début de la thèse: 1999

Date de soutenance: Samedi, 1 Décembre, 2001

Directeur (trice): Joël Biard

Résumé: 

On se propose d’étudier l’épistémologie de Nicolas d’Autrécourt sous un double point de vue, celui d’un discours de la méthode qui vise à prescrire les devoirs épistémiques qu’il faut remplir pour que l’on puisse parler de connaissance ; et celui d’une théorie des objets de la connaissance qui s’attache à une description de la réalité en termes atomistes. À un point de vue normatif, succède ainsi une approche plus descriptive. Enfin, on cherchera à replacer la philosophie de Nicolas dans son contexte médiéval (confrontation avec Buridan, rapports à Oresme, Jean de Mirecourt et Pierre d’Ailly).
La première partie (« certitude et probabilisme, le problème de la justification épistémique ») propose une interprétation de l’épistémologie autrécurienne en termes de fondationalisme et d’internalisme. Toute la philosophie du maître lorrain est traversée par le souci constant d’accorder une juste valeur aux principes autour desquels s’organise un système philosophique. Le premier chapitre (« Une philosophie critique ») vise à restituer le cadre argumentatif dans lequel doit se pratiquer toute enquête spéculative. Le Lorrain propose d’organiser sa propre recherche de la vérité autour de quelques principes indubitables. Cette épistémologie fondationaliste s’organise d’abord autour de croyances de base qui garantissent la certitude et la vérité de nos perceptions (chap. II : « les principes de la connaissance (1), l’apparentia plena »). Ces apparences, qui sont elles-mêmes des appréhensions auto-justificatrices, constituent les premiers principes permettant une justification de nos connaissances empiriques dans la mesure où elles permettent la formation de ce que Nicolas qualifie de jugement droit. Le deuxième type de principe ne concerne plus les incomplexes (objets des sens), mais les complexes (propositions). Puisque nos croyances sont d’emblée prises dans un réseau de jugements, elles ont un caractère propositionnel. Il faut donc fournir les critères de justification des propositions et ces critères, Nicolas les trouve dans le premier principe auquel il accorde un statut particulier dans l’économie de son système (chap. III : « Les principes de la connaissance (2), le premier principe »). Nicolas distingue au moins quatre degrés de justification : le certain, l’évident, le clair et le probable, chaque niveau supérieur incluant les niveaux inférieurs. C’est au niveau du probable, dont l’importance est cruciale pour Nicolas puisque son atomisme n’est que probable, qu’est consacré le chapitre IV (« Le probabilisme »). L’importance accordée au probable résulte d’une idée simple : un grand nombre de nos connaissances ne répond pas aux critères de l’évidence, qu’elle soit complexe (inférence analytique) ou incomplexe (apparence en pleine lumière), sans que pour autant on soit en mesure de montrer qu’elles sont fausses. Nicolas prend acte de l’insuffisance de nos appareils conceptuels à un moment donné et souligne ainsi que la justification est une affaire de temps. Quand il n’est pas possible de fournir une preuve évidente, on peut encore apporter le plus d’arguments probables possibles (il y a alors un aspect autant quantitatif que qualitatif) pour emporter l’adhésion.