Titre de la Thèse: Les arts de la table et la vaisselle d'apparat à la Renaissance : démarches distinctives et dimensions symboliques
Courriel: fanny.fremine@univ-tours.fr
Date de début de la thèse: 2023
Directeur (trice): Marion Boudon-Machuel
Discipline: Histoire de l'art
À la Renaissance en France, les arts de la table participent de l'image, du statut et du pouvoir du maître des lieux. Le banquet notamment est un théâtre de monstration de sa puissance sociale, économique et politique. Moment essentiel de la vie de cour, le repas engage tous les arts, de la musique au tableau vivant. Au cœur du festin, la vaisselle d'apparat tient une place particulière tant par sa préciosité que par le sens dont elle est investie. Alors que ce type de cérémonial a été particulièrement étudié, ces objets n'ont jamais été pris en compte au-delà de leurs aspects formels et utilitaires. Ils sont pourtant l'un des éléments représentatifs de l'art de cour et du développement artistique à la Renaissance, au cœur des échanges européens. La diversité des objets (aiguières, coupes, plats, bassins, hanaps, salières, rafraîchissoirs, horloges de tables,...), de leurs matériaux (or, argent, verre, cristal de roche, céramique, noix de Seychelles ), de leurs fonctions (contenir, verser, divertir, conjurer,...) ou de leur invention est aussi riche que surprenante. Le corpus comprend des œuvres célèbres, comme la nef d'Anne de Bretagne (Reims, cathédrale), la salière de François Ier (Vienne, Kunsthistorisches Museum), la bouteille aux armes de Catherine de Médicis (Écouen, Château), l'aiguière et le bassin de la Tempérance (Paris, Louvre) ou la nef Burghley (Londres, Victoria & Albert Museum), mais aussi bien d'autres objets conservés dans de nombreux musées français et étrangers. Ce corpus est plus vaste encore : il inclut la vaisselle dessinée et gravée, représentée dans la peinture, l'estampe et la sculpture. Ces œuvres multiples, qui nécessiteront la constitution d'une base de données dédiée, doivent être analysées à la lumière de nombreuses sources manuscrites et imprimées afin d'en comprendre la commande, les usages et les enjeux. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, les arts de la table et du banquet ont été explorés sous l'angle de la gastronomie et de la fête, mettant en lumière la dimension politique du cérémonial du repas. En France, les recherches sur la vaisselle du XVIe siècle se sont toutefois limitées à quelques objets remarquables et cantonnées au cadre muséal (Château d'Écouen, 1995 ; Château de Blois, 2012 ; Louvre-Lens, 2021 ; Musée archéologique de Dijon, 2021 ; Château de Fontainebleau, 2022). Ce projet de thèse sur les arts de la table à la Renaissance française appelle une approche d'histoire de l'art ouverte aux disciplines voisines - histoire, histoire sociale, anthropologie - tout en nécessitant de considérer ces œuvres d'exception dans leur riche polysémie. L'étude portera sur les espaces et les modalités de présentation (ex. dressoir) de cette « vaisselle de dignité », sur sa fonctionnalité et ses usages, sur ses dimensions matérielles et économiques. L'objet lui-même, à partir de cas emblématiques, conduira à éclairer les savoir-faire, les virtuosités d'exécution, les innovations techniques (ex. objets automates), voire la curiosité pour des matières et des formes d'une altérité pouvant conduire jusqu'à l'Orient. De même seront abordées les questions de la forme, de l'ornement et de l'adéquation de l'un à l'autre, ainsi que des relations avec les autres arts. À partir de là, la valeur d'apparat et la symbolique de ces objets pourront être analysées tant dans le domaine profane que sacré, sans négliger les détournements de sens (ex. érotique) voire d'usage (ex. cadre politique), mais également l'extension de leur essence à tous les sens (saveurs, parfums, musique, brillance ). Au sein du CESR, cette thèse s'inscrira dans le sillage des études sur l'architecture et l'art d'habiter, qui ont participé à sa renommée, dans celui des projets récents en humanités numériques, et plus largement dans la réflexion sur l'ameublement menée en partenariat par plusieurs châteaux du Val de Loire (Amboise, Azay-le-Rideau, Chambord ).
Participation à des projets de recherche :
Expositions :
Organisations :