Le doute dans l’Europe moderne

Auteur(s): É. Boillet, M. Faini (eds.)

Date de parution: 18 Mars 2022

ISBN: 978-2-503-58818-6

Lien vers l'éditeur: 
Brepols « Études Renaissantes », n°36

Résumé: 

La place et le rôle du doute dans l’évolution des savoirs et dans la formation des identités culturelles en Europe à l’époque moderne.

L’époque moderne, depuis l’Humanisme et la Renaissance jusqu’aux Lumières, fut propice au doute et largement travaillée par celui-ci. La découverte de nouvelles techniques, l’exploration de nouveaux espaces, le développement de nouvelles disciplines, la formulation de nouvelles doctrines religieuses et politiques, la circulation accélérée et élargie des productions écrites par la voie de l’imprimerie ont favorisé, notamment dans les villes, la pluralité et la confrontation des idées et des opinions et l’émergence du doute dans tous les domaines. L’ambition de ce volume est de contribuer à une histoire culturelle du doute, qui reste largement à construire à partir de l’exploration de ses divers aspects. Là où le scepticisme, qui renvoie d’abord à un système, une position ou un argument philosophique, oriente l’enquête vers l’histoire intellectuelle, le doute, qui désigne un état de l’esprit ou une attitude mentale, s’applique à tous les modes de la connaissance, théoriques et pragmatiques, et invite à élargir son étude à l’histoire des émotions, des mentalités, des comportements et des pratiques. S’agissant de l’époque moderne, il a paru particulièrement opérant de privilégier le fil directeur du rapport à la religion, considérée aussi bien comme croyance que doctrine et église. En effet, loin de refermer l’enquête sur l’histoire confessionnelle, ce rapport ouvre sur les différents champs culturels, du droit aux sciences et à la littérature, et contribue à révéler les enjeux anthropologiques de la question.

Les développements du doute au début de l’époque moderne semblent bien avoir introduit des attitudes que l’on retrouve dans le monde contemporain : le relativisme culturel ; la suspicion envers une information souvent surabondante et/ou peu fiable ; un élément personnel dans l’adhésion aux croyances religieuses ; la prédominance dans l’espace public de l’opinion sur le savoir. Une raison qui rend d’autant plus nécessaire la construction d’une histoire culturelle du doute à l’époque moderne.

Élise Boillet (CNRS – CESR, Université de Tours), spécialiste de littérature italienne de la Renaissance, a notamment publié sur la production religieuse de Pierre l’Arétin et sur la réception des psaumes aux XVe-XVIe siècles. Elle a coédité des ouvrages consacrés à la culture biblique et à la religion dans l’espace urbain de l’Europe moderne. Elle vient d’achever avec Erminia Ardissino un Repertorio di letteratura biblica in italiano a stampa (ca 1462-1650) (Turnhout, Brepols).

Marco Faini (Università Ca’ Foscari, Venise), spécialiste de littérature italienne de la Renaissance, a notamment publié sur Pietro Aretino, Teofilo Folengo, Pietro Bembo, le poème biblique et la littérature dévotionnelle. Il vient d’achever une monographie intitulée Standing at the Crossroads: Writings on Doubt in Renaissance Italy et, avec Paola Ugolini, la coédition de A Companion to Pietro Aretino (Leiden-Boston, Brill).