Cynthia Rodrigues

Titre de la Thèse: De la carrière à l’autel : l’art des retables et la construction des images sacrées après la Réforme catholique (XVIIe-XVIIIe siècle) en Val de Loire.

Courriel: cynthia.rodrigues@etu.univ-tours.fr

Date de début de la thèse: 2021

Directeur (trice): Marion Boudon-Machuel

Discipline: Histoire de l'art

Résumé: 

Mis en cause par les protestants, le rôle des images dans les lieux de culte ainsi que la présence réelle du Christ dans l’eucharistie sont réaffirmés lors de la XXIIIe et de la XXVe sessions du concile de Trente (1545-1563). Les nouveaux retables construits après les destructions iconoclastes de la seconde moitié du XVIe siècle constituent la traduction visuelle de ces deux préceptes chers à la Réforme catholique. Par leurs caractéristiques formelles, ces monuments sont destinés à attirer le regard des fidèles vers l’autel qui est désormais le véritable cœur de la liturgie catholique et le lieu d’accueil du Saint-Sacrement. En France, l’art des retables est marqué, surtout en ce qui concerne les maîtres-autels, par la monumentalité de ces structures et par l’union des arts, l’architecture, la peinture et la sculpture.

Des études ont été menées sur ce type de productions majeures de l’art post-tridentin dans le Centre-Ouest du pays, notamment en Bretagne (V.-L. Tapié, 1972) ou en Mayenne (J. Salbert, 1976). Le territoire ligérien et ses abords, en dépit de quelques recherches ponctuelles (M.-F. Rose, 1969 ; S. Bellancourt, 1997 ; P. Bardelot, 2004) reste quant à lui encore largement inexploré. Pourtant, le vaste corpus de retables encore conservés – environ 200 – démontre que la région a pleinement participé à ce mouvement de reconstruction. Il s’y manifeste d’ailleurs de manière ambitieuse par la naissance de plusieurs ouvrages d’exception menés par des artistes de renom comme le retable de la chapelle de la Barre à Angers par Pierre Biardeau ou ceux de l’abbaye de Pontlevoy par Antoine Charpentier. L’œuvre de certains sculpteurs et retabliers, tel Gaspard Imbert, auteur du tombeau de Gaston d’Orléans à Blois, ou Nicolas Hubert, principalement actif à Orléans, reste pratiquement inconnue, malgré la qualité dont témoignent encore les pièces qui leur sont attribuées.

Ce projet de thèse vise à réhabiliter et à étudier ce patrimoine dans tous ses aspects, de l’étude matérielle et archivistique, à l’interprétation de ces grands systèmes d’images au regard de leur histoire et de l’histoire de l’Église et de la spiritualité. Dans un premier temps, la recherche visera à établir les étapes de la construction d’un retable et à déterminer le rôle des différents protagonistes impliqués dans ce processus, qu’il s’agisse du client, de l’artiste ou de ses collaborateurs. La commande, qu’elle provienne de la fabrique d’une église, d’une communauté religieuse ou d’un particulier, représente un projet mobilisant des ressources économiques importantes et se concrétise régulièrement par la signature d’un contrat. Ces sources (marchés et comptes de fabriques pour l’essentiel), encore conservées aujourd’hui dans les archives départementales, seront collectées et analysées afin de définir les volontés des commanditaires, les responsabilités de chaque partie et les conditions de travail et de vie de l’artiste et de son atelier. Les monuments d’églises que sont les retables ont été étudiés par les chercheurs comme documents d’histoire religieuse, cela a été le cas pour les retables manceaux (Ménard, 1980), mais la question de leur valeur artistique est souvent restée en suspens. Ce travail visera donc, dans un second temps, à considérer le retable comme une œuvre complexe dont chaque composante (architecture, sculpture, peinture et décor) sera analysée et appréhendée dans une histoire de l’art plus globale. Le retable, qui associe plusieurs médiums et arts entre eux, sera envisagé comme un « réseau d’images » (Cousinié, 2006) dont la portée signifiante est étroitement liée aux relations formelles et visuelles existant entre ses différentes parties. Pour ce faire, plusieurs pistes devront être explorées. Le Val de Loire étant situé à proximité de foyers dynamiques comme Paris et Le Mans (Bresc-Bautier, Le Bœuf, 2003), il s’agira de comprendre les modalités des transferts artistiques dont il a pu bénéficier. Cette recherche veillera en outre à dégager les points de rencontre entre l’art des retables et celui du mobilier religieux qui organise l’espace ecclésial (tombeau, jubé, chaire à prêcher, etc.). Enfin, une approche quantitative et analytique de l’iconographie des images (statues, peintures) de ces grandes structures d’autel permettra de dégager des thèmes majeurs et de les confronter aux décrets synodaux et à l’importante littérature religieuse contemporaine afin d’affiner la connaissance des mentalités et de la spiritualité du territoire étudié aux XVIIe et XVIIIe siècles.

­Cette recherche s’inscrit dans les thématiques des travaux entrepris depuis quelques années par Frédéric Cousinié (2006) et Sébastien Bontemps (2012) sur le mobilier religieux parisien à l’époque moderne, et illustrées notamment par des expositions comme Les couleurs du Ciel. Peintures des églises de Paris au XVIIe siècle (Paris, 2012-2013). Elle doit conduire à mettre la lumière sur l’art religieux en Val de Loire aux XVIIe et XVIIIe siècles et à en réévaluer la position à l’échelle de la France du Grand Siècle.

CV court: 

  • Mai-octobre 2021: ingénieure d'études sur le projet ParTouRs (MSH Val de Loire)

Thèmes de recherche: 

  • Art religieux au XVIIe siècle

Cursus studiorum: 

  • 2020 : Master Cultures et Patrimoines de la Renaissance, Tours, CESR (mention Très Bien)
  • 2009 : Maîtrise recherche Histoire de l'art, Bordeaux, université Michel de Montaigne (mention Bien)
  • 2008 : Licence Histoire de l'art, Bordeaux, université Michel de Montaigne.

Bourse: 2020 : Bourse de Master 2 du Comité Français d'Histoire de l'Art

Publications: