Gaetan Naulleau

Titre de la Thèse: Chanter la messe en polyphonie en France, 1610-1715 : archéologie d'une pratique. 

Courriel: gnaulleau2019@gmail.com

Date de début de la thèse: 2020

Directeur (trice): Philippe Vendrix

Discipline: Musicologie

Résumé: 

Partagé entre un lot assez réduit de manuscrits et un corpus foisonnant publié par les Ballard, le répertoire de messes polyphoniques composées sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV a bénéficié ces trente dernières années de nombreuses études, transcriptions, éditions. Son contexte liturgique et son cadre cérémoniel ont été retracés méthodiquement. Des travaux déterminants ont envisagé les acteurs de cette sonorisation du culte (maîtres de chapelle, chantres, enfants de chœur) dans une histoire culturelle étendue aux domaines économiques, institutionnels et sociaux.

Est-il possible, sur ce large socle de connaissance, d’identifier plus précisément les conditions des pratiques musicales et d’interroger leur réalité sonore ? Tel est le pari de notre étude, qui se concentrera sur l’ordinaire de la messe, mais s’ouvrira sur l’ensemble des vocalités polyphoniques (faux-bourdon, chant sur le livre, « musique » avec ou sans symphonie). Le chant du chœur sera mis en perspective avec l’autre pôle musical du culte : l’orgue, dont l’alternance fondamentale avec le plain-chant est bien connue, mais dont il est nécessaire de réévaluer les échanges avec la polyphonie.

L’histoire d’une pratique musicale appelle les sources et les méthodes les plus diverses : notre terrain d’étude est cerné à une extrémité par l’abstraction prescriptive des cérémoniaux, de l’autre par la matérialité du livre de chœur ou des parties séparées. La rareté de ces dernières dans la période concernée interdit toute généralisation. En revanche l’abondance des livres de chœur imprimés mérite un examen systématique des marques d’usage, susceptible d’éclairer plusieurs angles morts des autres sources.

L’épineux dossier des « petites clefs », qui concernent un tiers des messes publiées par Ballard, est crucial. Bien étudiés pour le répertoire italien, les implications de cette notation restent discutées pour les pratiques françaises. Si la transposition associée était validée, alors nous devrions considérer d’un nouvel œil les tessitures vocales. Et questionner la participation des enfants aux différentes polyphonies.

Quel pouvait être l’effectif du groupe vocal ? Un panorama documentaire tentera de distinguer le personnel affecté à la polyphonie au sein de l’institution, pour en dégager une typologie des formations. Nous suivrons pareillement la diversité des participations instrumentales.

Un chapitre, enfin, suivra l’iconographie des sacres et des funérailles royales sur un temps long. Car les zones d’ombres et les incertitudes qui émaillent fatalement les démarches de performance practice nous invitent à chercher au fil des décennies des éléments de confirmation, d’opposition ou de spécification.

En articulant ce que nous apprennent l’usage, l’archive, l’institution, la musique et la partition, en considérant aussi l’espace architectural, nous pouvons obtenir une image sinon exacte, du moins vivante des polyphonies vocales au service de la messe. Ainsi nous poursuivons deux desseins. Prolonger le travail des historiens qui ont mis à jour l’enracinement culturel et social de ce répertoire. Et tendre aux musiciens désireux de faire revivre les messes de Bournonville, Titelouze, Cosset ou Charpentier les outils nécessaires pour fonder une interprétation historiquement informée.

CV court: 

Après des études de musique et de musicologie (Rennes, Paris-Sorbonne puis Tours), Gaëtan Naulleau a bifurqué vers la radio (producteur des Enfants du baroque, sur France musique) et la critique musicale (chef de rubrique disque au magazine Diapason, directeur des collections Les Indispensables de Diapason et la Discothèque idéale de Diapason). Un quart de siècle après, il a repris le chemin de la musicologie. S’il renoue avec des travaux laissés de côté, c’est conscient désormais de la rigueur que doit s’imposer la discipline si elle souhaite servir les musiciens. Les études de Performance Practice, domaine fertile s’il en est, et encore jeune, doivent comprendre les questions qu’ils se posent et trouver une narration susceptible de les attirer.

Thèmes de recherche: 

Pratiques d’interprétation. Polyphonies sacrées. Orgue. Théorie de la basse continue. Musique et liturgie. Grand Siècle.

Cursus studiorum: 

  • 2020- : thèse en cours au Centre d’études supérieures de la Renaissance, Tours : « Chanter la messe en polyphonie en France, 1610-1715 :  archéologie d’une pratique ».
  • 1998 : DEA de musicologie « Pratiques de l'accompagnement et notation de la Basse Continue en France au XVIIe siècle  », Groupe de Formation doctorale « musique et musicologie », Université de Tours/ENS.
  • 1997 : Maîtrise de musicologie “ La Musica Sacra de Jean-Baptiste Geoffroy ” à l’Université Paris IV-Sorbonne.
  • 1994 : Diplôme d’état d’accompagnement, option chef de chant.
  • 1992 : Premier prix de piano à l’ENM de Laval.

Publications: