Paul-Claude Carli

Titre de la Thèse: Du crayon des vieilles écritures à l'accomplissement d'une peinture tragique : l'itinéraire poétique et spirituel de Jean de la Ceppede dans les théorèmes

Courriel: paul-claude.carli@etu.univ-tours.fr

Date de début de la thèse: 2016

Date de soutenance: Lundi, 13 Décembre, 2021

Directeur (trice): Stephan Geonget

Discipline: Littératures française et anciennes

Résumé: 

Oeuvre à la charnière de deux siècles et de deux conceptions du monde, la poésie de La Ceppède propose par le récit mystique de la Passion une interrogation essentielle sur la condition humaine. Oeuvre tragique, les Théorèmes Spirituels puisent leur inspiration dans un thème unique : celui du mystère de la Rédemption pour lequel chacun des sonnets est une méditation. Ces méditations dévotes et intériorisées s'organisent dans un dialogisme entre le Rédempteur et le fidèle/lecteur où le poète fait oeuvre de médiation. Par leur perfection formelle, les Théorèmes Spirituels offrent une ultime image de la poésie dominée par l'école ronsardienne, alors que la réflexion qu’ils nourrissent sur la foi et ses mystères difficilement accessibles à l'Homme, annonce les beautés tragiques de la pensée pascalienne. Amours chrétiennes et non catéchisme, son oeuvre témoigne d'une lente maturation par laquelle 12 sonnets composés en 1594, s’étoffent en 300 sonnets en 1613 pour conduire aux 220 sonnets publiés en 1622, un an avant la disparition du poète. Marqué par la réforme tridentine sans y être aveuglément assujetti, ami de François de Malherbe et de Guillaume Du Vair, La Ceppède est animé par une pensée philosophique pénétrée de néo-stoïcisme. Elle porte un engagement théologique gallican rien de moins que logique chez ce parlementaire de haut rang. L’œuvre comprend aussi une masse considérable d’annotations qui révèlent un véritable atelier d’artiste que la critique n’a, injustement, jusqu’à ce jour, que fort peu visité. Ces courts textes en prose dont les sonnets constituent la cristallisation poétique, brossent ainsi le portrait d’un artiste renaissant que nous nous employons à restaurer, portrait d’un des derniers témoins d’un monde appelé à se perdre et s’effacer dans le XVIIème siècle naissant. Comme le Nouveau Testament nourri de l'Ancien l'accomplit en le dépassant, la poésie de La Ceppède parachève en la dépassant la poésie du XVIème qui s’éteint. En effet, les deux recueils des Théorèmes (1613 et 1622) de Jean de La Ceppède qui regroupent 520 sonnets consacrés à la Passion du Christ témoignent de sa volonté de convertir en dévote la Muse profane. La révérence esthétique qu’il professe est donc paradoxalement associée à une conversion idéologique radicale qui se réclame de la restauration d’un discours poétique exclusivement consacré. Notre étude qui porte sur l’intégralité de l’œuvre et inclut l’analyse des annotations accompagnant les sonnets, se propose donc de démontrer que cette poésie, marquée par une esthétique baroquen constitue un aboutissement pour la poésie du XVIème siècle dont elle anime les derniers feux, alors qu’elle en dénonce la légitimité avant de sombrer, dévote et idéologiquement décalée, dans un oubli de plus de deux siècles.