Fahd Nakib

Titre de la Thèse: Pomponazzi et l'usage des Topiques

Courriel: fahd.nakib@etu.univ-tours.fr

Date de début de la thèse: 2017

Directeur (trice): Joël Biard

Discipline: Philosophie

Résumé: 

On se propose dans ce travail d’étudier le mode d’argumentation de Pietro Pomponazzi (1462-1525), son usage de la dialectique et du raisonnement topique, aussi bien dans ses traités que dans ses enseignements. Consigné et codifié par Aristote, le raisonnement dialectique, par la nature des objets qu’il se donne autant que la forme qu’il revêt, n’a pas vocation à égaler la scientia ou certitude démonstrative, mais tend à remporter l’adhésion de l’auditoire en gagnant sa conviction (fides) moyennant la maîtrise sans faille d’une technique argumentative aussi cohérente que possible. On s’attache à examiner ce que dit Pomponazzi des Topiques mais également les usages qu’il en fait, afin de faire ressortir les liens entre l’argumentation et les types d’assentiment qu’elle suscite. C’est donc une variation sur un thème fondamental, celui du rapport entre connaissance et croyance, dont il s’agit de montrer l’originalité d’une approche qui propose des modalités inédites de leur relation. Pour ce faire, on se tournera vers les principaux traités sur l’immortalité ou le destin, mais aussi et surtout vers le corpus professoral de Pomponazzi, qui est sous-exploité et en partie inédit. L’objectif est d’apprécier plus finement un dispositif argumentatif que l’on perçoit dans les traités, de sorte à pouvoir approcher l’intuition originelle qui préside à la démarche et tâcher de comprendre comment un auteur aussi scrupuleux dans son rapport au texte commenté a pu faire l’objet de méprises interprétatives. On devra aussi s’interroger dans le cadre plus large d’une histoire sociale des institutions universitaires et religieuses sur les conditions et les critères de réception d’une doctrine, et ce, afin de mesurer la fécondité d’un auteur ayant joué un rôle déterminant dans la pensée de la Renaissance et de la première modernité. Si notre travail trouve son point de départ dans la posture atypique et discrète d’un auteur comme Pomponazzi, ce sont aussi les effets potentiels que celle-ci a pu avoir, sur les esprits et dans les conduites, qui feront l’objet de notre recherche. Ainsi l’enjeu sera-t-il moins de dresser le portrait d’un philosophe injustement méconnu à partir de ses projections historiographiques que d’en évaluer la portée intellectuelle (novations méthodologiques et apports conceptuels) et pratique (aggiornamento, libertinage et contribution à l’évolution des mœurs et mentalités), et fournir un éclairage ponctuel sur les liens entre la philosophie de la Renaissance et les traditions médiévales.