Alfredo Storck

Titre de la Thèse: Essence et existence selon saint Thomas d’Aquin

Date de début de la thèse: 1999

Date de soutenance: Lundi, 17 Décembre, 2001

Directeur (trice): Joel Biard

Résumé: 

L’histoire de la métaphysique est marquée par l’interprétation du sens et du contenu de l’ouvrage fondateur de cette discipline : la Métaphysique d’Aristote. Les vicissitudes de son édition, les particularités de ses traductions et transmissions successives et surtout le nombre incalculable de commentaires dont cette œuvre a été l’objet, ont transformé son contenu et ont imposé le problème de la détermination du sujet de l’investigation de la discipline métaphysique. Ce travail porte sur l’un des moments clés de ce processus, à savoir la caractérisation de la structure de la métaphysique par Avicenne et l’histoire de sa réception dans l’Occident latin au XIIIe siècle. Les trois premiers chapitres de la première partie sont consacrés à la reconstruction conceptuelle des raisons conduisant le philosophe persan à s’interroger sur la sujet de la métaphysique. Après avoir décrit les lignes générales de la problématique chez Al-Fârâbî et son influence chez Avicenne, la thèse examine la conception avicennienne de la structure des sciences particulières en tant que disciplines gouvernées par les préceptes de clôture et de détermination. Elle démontre que cette conception est largement tributaire de la compréhension avicennienne de la preuve scientifique comme un argument avec un nombre fini d’étapes et qu’Avicenne applique ces mêmes préceptes pour décrire la structure du savoir humain en général. Le résultat est alors l’existence, dans le domaine théorique, d’une discipline ayant une structure particulière. La métaphysique, pour reprendre la célèbre phrase de Proclus dans son commentaire aux Éléments de Géométrie d’Euclide, est la seule discipline non hypothétique. En un mot, la métaphysique est la science suprême. Au travers de l’analyse systématique du premier livre de la Métaphysique d’Avicenne, cette thèse montre que le philosophe persan cherchait à rendre compatible ladite caractérisation de la structure de la discipline métaphysique avec la présentation aristotélicienne du sujet de cette discipline et avec des investigations imposées par les autres disciplines. Plus précisément, la thèse examine pourquoi Avicenne a jugé incohérent de présenter Dieu comme le sujet de la métaphysique et pourquoi il a préféré l’étant en tant qu’étant. Les principales raisons examinées concernent la forme logique des propositions réduplicatives. Avicenne a une conception de ce type de proposition sensiblement distincte de celle d’Aristote, ce qui lui permet d’interpréter différemment l’expression « l’étant en tant qu’étant » et par conséquence le sujet de la métaphysique. Le quatrième chapitre recherche la réception de cette conception dans l’Occident latin, surtout en ce qui concerne une des conséquences directes de la caractérisation de la métaphysique en tant que science suprême avec la théologie chrétienne. Les analyses se focalisent sur Eudes Rigaud, sur la Somme de Théologie attribuée à Alexandre de Hales, sur l’œuvre encyclopédique de Vincent de Beauvais et sur Albert le Grand.