Nathalie Godnair

Titre de la Thèse:  "Je ne scai pas quelle alteration sentoient les autres" Écrire l'émotion esthétique à la Renaissance

Courriel: nathalie.godnair@club-internet.fr

Date de début de la thèse: 2018

Date de soutenance: Lundi, 27 Novembre, 2023

Directeur (trice): Stéphan Geonget

Discipline: Littératures française et anciennes

Résumé: 

Résumé de la thèse en français :  

L'expérience esthétique est « de toutes les expériences communément vécues à la fois la plus banale et la plus singulière » écrit le philosophe Jean-Marie Schaeffer au seuil de L’expérience esthétique. Faisant de l’expérience esthétique mais aussi de l’émotion qu’elle fait naître l’expression même de l’individualité, cette définition contemporaine n’est pas vraiment opérante pour désigner ce que les hommes de la Renaissance entendent par le terme « esmotion », à une période où la notion même d’individualité émerge à peine. À partir d’un vaste corpus allant du début du XVIe siècle aux années 1620, composé de passages d’auteurs divers, relevant de genres différents et représentant des émotions à la fois musicales, architecturales, sculpturales et picturales, la présente thèse s’attache à mieux cerner le sens de ce terme et les enjeux à la fois théologiques, philosophiques, scientifiques et sociologiques qu’il soulève, à travers l’étude des traits récurrents ce que l’on peut considérer comme une écriture de l’émotion. On assiste ainsi au fil du siècle à la progressive intériorisation de l’émotion esthétique, qui semble quitter peu à peu l’espace visible de tous qu’est le corps dans son extériorité pour emprunter des voies plus intérieures ou même se replier dans le « petit cabinet d’affections » qu’est le cœur. À travers la représentation des figures de réception et des communautés émotionnelles auxquelles elles appartiennent, on assiste également à la progressive individualisation d’une émotion initialement considérée comme universelle, qui devient peu à peu l’apanage d’une conscience singulière. D’abord régies par des modèles rhétoriques tels que l’ekphrasis qui s’attachent avant tout à des œuvres d’arts façonnées de toutes pièces par le texte littéraire et témoignent d’une approche plus intellectuelle que sensible de l’art, les diverses descriptions que font les auteurs de la Renaissance des formes artistiques qui suscitent leur émotion se font de plus en plus référentielles, tandis que s’amorce une subjectivisation du beau et des critères esthétiques qui en permettent l’appréciation.

 

Résumé de la thèse en anglais:  

Aesthetic experience is "of all commonly lived experiences, at once the most banal and the most singular", writes philosopher Jean-Marie Schaeffer on the threshold of L'expérience esthétique. While this contemporary definition makes aesthetic experience, and the emotion it arouses, the very expression of individuality, it doesn't really work to describe what Renaissance men meant by the term "esmotion", at a time when the very notion of individuality was just emerging. Based on a vast corpus dating from the early 16th century to the 1620s, made up of passages by a variety of authors, in different genres and representing emotions in music, architecture, sculpture and painting, this thesis seeks to better define the meaning of this term and the theological, philosophical, scientific and sociological issues it raises, through the study of recurring features of what can be considered a writing of emotion. Over the course of the century we witness the gradual internalization of aesthetic emotion, which seems to be gradually leaving the space of the body's exteriority, visible to all, to take more interior paths, or even to withdraw into the "petit cabinet d’affections" that is the heart. Through the representation of reception figures and the emotional communities to which they belong, we also witness the gradual individualization of an emotion initially considered universal, which gradually becomes the prerogative of a singular consciousness. Initially governed by rhetorical models such as ekphrasis, which focused above all on works of art fashioned from scratch by the literary text and testified to an approach to art that was more intellectual than sensitive, the various descriptions given by Renaissance authors of the artistic forms that aroused their emotions became increasingly referential, while the subjectivization of beauty and the aesthetic criteria that enabled its appreciation began.

CV court: 

  • 2000 à aujourd'hui : Enseignante dans le secondaire, interrogations orales en classes préparatoires (Académie de Versailles, Lycée Michelet)
  • 2000 : Agrégation externe de Lettres Modernes

Cursus studiorum: 

  • 2018 : Licence d'Histoire de l'Art (Université de Lille 3)
  • 2002 : D.E.A de Langue Française (Paris IV) : La verbalisation de l'expérience musicale dans le Solitaire Second ou prose de la musique de Pontus de Tyard. Diplôme d’Études Musicales des Conservatoires de la ville de Paris, département musique ancienne.